La situation de dépendance, le plus souvent de dépendance affective, est un trait de personnalité fréquemment rencontré. Il touche préférentiellement les femmes mais il existe aussi chez les hommes.
1/ Manifestations concrètes
On peut trouver par exemple :
Tendance à solliciter en permanence l’avis de l’autre
Difficulté à se séparer
Crainte du célibat, de la solitude
Quête affective
Difficulté à prendre une décision seul
Recherche d’approbation en permanence
Demande permanente à l’autre de réassurance affective
Tolérance à des choses intolérables de la part de la personne dont on est dépendant (brimades, humiliations etc…)
2/ Mécanismes à l’origine de la dépendance affective
L’anxiété, sous tendue par des schémas dysfonctionnels, peut être à l’origine de dépendance affective.
Ainsi, quelqu’un qui a le schéma suivant « en cas de rupture je ne trouverai personne d’autre » sera accroché à son conjoint actuel de façon possiblement dépendante.
Le trait de personnalité insécure (théorie de l’attachement) selon Bowlby, peut également entraîner une dépendance affective. La personne n’a pas été, pendant sa petite enfance, rassurée en profondeur sur l’affection que lui portaient ses parents, et à développer une faille. A l’âge adulte, la personne a demandé à l’entourage de combler cette faille en demandant incessamment de la rassurer sur un plan affectif.
Le manque d’estime de soi ou de confiance en soi peuvent également être en cause: cela pousse la personne à accepter tout et n’importe quoi de la part de son conjoint parce qu’elle ne se sent pas digne d’affection et éprouve le besoin de compenser en acceptant plus que ce qu’elle devrait.
L’hypersensibilité émotionnelle entraîne une charge émotionnelle telle que lorsque la personne dépendante est soumise à la tristesse ou à la crainte de perdre l’affection de l’autre, elle accepte tout pour échapper à ce trop-plein émotionnel
Le deuil « mal digéré » d’une relation précédente peut aussi être à l’origine de la dépendance émotionnelle.
3/ Quoi faire?
La plupart du temps : RIEN, parce qu’il n’y a pas toujours besoin de traiter des traits de dépendance affective quand ils sont bénins, ce qui est le cas le plus souvent.
La grande majorité des personnes ayant des traits de dépendance, et en particulier de dépendance affective trouvent un équilibre dans leur vie quotidienne : un métier où il y a peu de responsabilités, où l’ambiance avec les collègues est bonne et aidante, un conjoint disposé à les soutenir et à répondre à leurs besoins de réassurance.
Dans ce cas, si la personne le souhaite une psychothérapie est envisageable afin de comprendre et d’éviter que les aménagements trouvés s’écroulent en cas de rupture d’équilibre.
Bien évidemment, tout se complique lorsque les personnes dépendantes ne parviennent pas à trouver cet équilibre dans leur entourage. Lorsque par dépendance, la personne dépendante renonce à des choses positives (refus de promotion…), ou accepte une souffrance ou un comportement inacceptable de la part d’autrui (cas d’une femme battue ne parvenant pourtant pas à rompre avec son conjoint), ou inversement, commet des actes répréhensibles ou exagérés par dépendance, (exiger par exemple 50 SMS par jour de son conjoint) là, un suivi psy s’avère nécessaire. De même les troubles de personnalité dépendante se compliquent souvent de dépression ou de trouble anxieux. Bien sûr dans ce cas, une intervention devient indispensable.
A ce titre, le travail en thérapies cognitivo-comportementales (TCC), ou thérapie interpersonnelle (TIP) est à utiliser en première intention, après avoir vérifié que cette dépendance ne fait pas partie d’un tout plus global.
En première intention, un traitement médicamenteux n’est pas recommandé.
4/ Définition du trouble de personnalité dépendante selon le DSM IV: (je cite)
« Besoin général et excessif d’être pris en charge qui conduit à un comportement soumis et « collant » et à une peur de la séparation, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes chez un sujet qui :
1. a du mal à prendre des décisions dans la vie courante sans être rassuré ou conseillé de manière excessive par autrui ;
2. a besoin que d’autres assument les responsabilités dans la plupart des domaines importants de sa vie ;
3. a du mal à exprimer un désaccord avec autrui de peur de perdre son soutien ou son approbation.
4. a du mal à initier des projets ou à faire des choses seul
5. cherche à outrance à obtenir le soutien et l’appui d’autrui, au point de faire volontairement des choses désagréables ;
6. se sent mal à l’aise ou impuissant quand il est seul par crainte exagérée d’être incapable de se débrouiller ;
7. lorsqu’une relation proche se termine, cherche de manière urgente une autre relation qui puisse assurer les soins et le soutien dont il a besoin ;
8. est préoccupé de manière irréaliste par la crainte d’être laissé à se débrouiller seul.
La personnalité dépendante coexiste souvent avec d’autres problèmes de personnalité et de l’humeur difficiles à distinguer. Le degré selon lequel des comportements dépendants sont considérés comme adaptés varie selon l’âge et le groupe socioculturel. »